Préserver notre terre, notre mère nourricière. C’est dans cet objectif que les Inner Wheel Clubs de Quatre-Bornes et de Curepipe ont lancé une campagne de mobilisation, de sensibilisation et d’alerte sur l’état de nos sols : « Mama later pe soufer, nou bizin nouri so lever ».
Dans le cadre de celle-ci, un forum-débat a été organisé le 5 avril 2024 en collaboration de la Faculté d’Agriculture de l’Université de Maurice à l’auditorium Paul Octave Wiehe, à Réduit avec, comme intervenants, Pierre Baissac, consultant en résilience écologique et président de la Société Royale des Arts et des Sciences ; Corine Moloye, agente de vulgarisation au FAREI (Food and Agricultural Research and Extension Institute) ; Jean Marie Sauzier, directeur de la pépinière Exotica ; et Bhagya Lakshmi Umapathy, présidente de JCI Beau-Bassin/Rose-Hill. Ils ont, à tour de rôle, partagé leur perspective sur la dégradation des sols à Maurice avec des agriculteurs, agronomes ainsi que les jeunes de l’université, mettant ainsi en lumière l’urgence de préserver la terre et les sols de Maurice, tout en soulignant l’importance de l’engagement individuel et agricole dans cette cause vitale.
Ludy Ramalingum, présidente du Inner Wheel Club de Quatre-Bornes, a dans son discours de bienvenue tenu à lancer un vibrant appel aux jeunes, les incitant à explorer et à chérir la terre qui nourrit notre existence. « La terre et nos sols constituent le socle même de notre avenir. J’invite la jeune génération à s’engager concrètement dans leur protection. Je les encourage vivement à entrer en contact avec la terre, à la régénérer en produisant leur propre composte chez eux, à semer des graines et à les voir pousser, fleurir et porter fruits et légumes », a-t-elle déclaré.
De son côté, Pierre Baissac a tiré la sonnette d’alarme sur la situation préoccupante des sols à Maurice. La diminution de la matière organique menace leur fertilité et compromet gravement notre capacité agricole. « Le sol joue un rôle crucial dans les écosystèmes terrestres, étant l’un des réservoirs de biodiversité les plus importants de la planète. Sa richesse biologique variée, comprenant des bactéries, des champignons, des insectes, des vers de terre et bien d’autres organismes, est à l’origine même du fonctionnement du sol et de ses nombreux services environnementaux. Cependant, une étude récente a révélé une diminution dramatique de la matière organique dans nos sols, accentuant ainsi les défis auxquels nous sommes confrontés », a-t-il souligné.
Pour le FAREI, la dégradation de nos sols ne se résume pas aux actions des agriculteurs, mais est également le fait de l’urbanisation à outrance, la conversion des terres agricoles, la déforestation, les pratiques agricoles non adaptées (comme l’utilisation excessive de produits chimiques et la mécanisation), et les facteurs naturels comme le changement climatique, l’érosion et la sécheresse, particulièrement accentuée par l’effet du soleil à Maurice. Pour faire face à ces problèmes, l’institut propose plusieurs recommandations.
2. Gérer la fertilité du sol pour assurer sa productivité à long terme.
3. Adopter des pratiques agricoles intégrées.
4. Planter des haies de muguet et de vétiver sur les bordures des plantations.
5. Planter en courbe sur les pentes pour prévenir l’érosion du sol.
6. Pailler le sol pour le protéger des intempéries.
7. Intégrer de la matière organique dans le sol par le biais de fumier et de compost.
8. Éviter la monoculture et pratiquer la rotation des cultures.
9. Inclure des légumineuses (pistaches, haricots, pois de terre, soja) dans les rotations culturales pour améliorer la fertilité du sol.
10. Laisser les “mauvaises herbes” plutôt que de laisser la terre nue car, précise Corine Moloye, celle-ci contribue à une dégradation rapide de la structure du sol, lorsque celui-ci est exposé directement à la pluie et aux rayons du soleil.