L’île Rodrigues, longtemps considérée comme un modèle de développement durable, est aujourd’hui confrontée à une réalité plus sombre, remettant en question l’engagement des gouvernements successifs envers l’environnement.
Depuis près de 20 ans, l’île a vu une augmentation alarmante du déboisement des forêts pour céder la place à des logements illégaux, mettant en péril la biodiversité locale. Malgré les avertissements et les appels à l’action, les autorités n’ont pas réussi à endiguer ce phénomène destructeur.
De même, la gestion inadéquate des déchets, en particulier la pollution plastique et les débordements des décharges, compromet la qualité de vie des habitants et l’équilibre écologique de l’île. Malgré les promesses de campagne et les engagements pris, la situation reste préoccupante.
La pollution des rivières par les déchets plastiques, les herbicides et les pesticides, qui sont même interdits dans de nombreux pays, est un autre signe du manque de vision et d’action des gouvernements précédents en matière d’environnement.
La surexploitation des nappes phréatiques, où l’eau est pompée sans contrôle, asséchant les vallées autour de ces puits de pompage, tarit les sources et les rivières, menaçant l’existence des rivières et de leur écosystème. De plus, la construction de chemins asphaltés avec des drains en béton contribue à emmener l’eau de pluie vers la mer le plus vite possible au lieu de renflouer les nappes souterraines qui devraient alimenter les puits de pompage et faire couler les sources en altitude, gardant l’eau en haute altitude le plus possible. Cela pourrait être distribué à moindre coût que l’eau désalinisée, qui coûte cher en énergie pour la désalinisation et le pompage du niveau de la mer en altitude pour la distribution.
Les constructions de maisons n’importe où, sur les terrasses qui étaient destinées à l’agriculture, sur les flancs des montagnes où le sol est creusé pour aplanir pour les constructions, laissant la terre sans retenue qui est lessivée vers le lagon, menacent la vie des coraux et donc des poissons, qui est une source de revenu pour nos pêcheurs, représentant plus de 10% de notre population et donc un emploi important pour l’île.
La dégradation de nos côtes et plages par la montée des eaux due au changement climatique, ainsi que la pollution plastique de nos plages et îlots, sont des problèmes supplémentaires auxquels Rodrigues est confrontée.
En outre, le problème de l’eau courante, qui reste non résolu depuis plus de 20 ans d’autonomie de Rodrigues, persiste. Malgré les efforts du gouvernement actuel en place depuis plus de 2 ans pour trouver une solution, certains endroits de l’île sont restés sans distribution d’eau pendant plus de 6 mois.
Les plantes exotiques et envahissantes telles que la coqueluche, le piquant loulou et d’autres lianes envahissent de plus en plus Rodrigues et menacent l’existence de nos plantes endémiques, dont certaines sont en voie de disparition.
Une station électrique thermique utilisant du mazout avec l’échappement sans filtres rejette des particules de suie cancérigènes 24/7 sur Rodrigues. De plus, les véhicules fumigènes, incluant les bus qui roulent à 5 km/h en montée, bloquant la circulation de Port Mathurin à Mont Lubin. Ces mêmes bus s’arrêtent n’importe où leur semblent bon incluant les tournants des routes etroites pour embarquer ou débarquer les passagers ou pour que les chauffeurs se parlent entre eux.
Une station d’élevage bovin, appelée breeding station, située dans le bassin versant de la source de la rivière Baleine, déverse ses déchets dans le début même de cette rivière, à 20 mètres d’une station de pompage d’eau souterraine. Le forage se trouve au beau milieu de plantations de légumes où des fertilisants et pesticides sont utilisés. Le bassin versant de la source de cette rivière, jadis une forêt, a été converti en pâturage non géré et a aussi accueilli une plantation de café non rentable avec son centre de transformation de café où plus de Rs 50 millions ont été investis et pas un seul grain de café produit depuis sa finition bientôt 5 ans.
La prolifération des chiens errants est un problème supplémentaire qui affecte la qualité de vie à Rodrigues. La population de chiens errants n’a jamais été contrôlée malgré les promesses des autorités. Ces chiens fouillent dans les poubelles et dispersent les déchets en ville et presque partout dans l’île. Ils sont également la cause d’accidents de motos et de morsures aux gens, y compris aux touristes. Les aboiements de ces chiens perturbent le sommeil des habitants la nuit. Les chiots sont souvent abandonnés dans les bois ou en bordure de chemins. L’odeur des chiens morts est commune dans les sentiers de randonnée et dans les bois en bordure des routes principales.
Face à ces défis, il est temps que les autorités prennent leurs responsabilités et agissent de manière décisive pour préserver l’environnement de Rodrigues. Les citoyens attendent des mesures concrètes et des actions rapides pour résoudre ces problèmes qui menacent la qualité de vie et l’avenir de l’île.