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Food on Film : pour une éducation qui façonne l’avenir

Dans un contexte marqué par des défis environnementaux sans précédent, la culture s’est imposée à l’échelle mondiale comme l’une des priorités pour faire face à la crise climatique.

Comme le souligne le rapport du World Cities Culture Forum, publié en 2019, la culture n’est pas seulement le reflet des normes sociétales, c’est également un important moteur de provocation et de changement. En questionnant les paradigmes existants et en façonnant les valeurs collectives, la culture a le pouvoir de galvaniser des communautés et d’inciter à agir face à des défis urgents tels que le changement climatique.

Le cinéma apparaît comme un élément central de la scène culturelle. En effet, il a la capacité unique de captiver les cœurs et les esprits grâce à la narration immersive. Les films ont longtemps servi de vitrine à l’expérience humaine, offrant au public un lien étroit avec des points de vue et des récits divers. Dans le contexte de la durabilité environnementale, le cinéma est devenu un outil puissant permettant d’éveiller les consciences, de susciter l’empathie et de générer des avancées sociales.

Le projet Food on Film

Le projet Food on Film sera officiellement lancé lors du festival Hungry Mind de Pollenzo, en Italie, et se poursuivra jusqu’en 2026. Il se situe au carrefour entre culture, éducation et défense de l’environnement, incarnant le potentiel transformateur du cinéma comme moyen de relever les défis liés à la durabilité alimentaire. En utilisant le pouvoir émotionnel de la narration, le projet cherche à engager le public dans un dialogue sur les relations complexes qui unissent l’alimentation, l’environnement et la société. Grâce à un mélange d’expériences cinématographiques et d’initiatives pédagogiques, Food on Film souhaite approfondir la compréhension des dynamiques complexes qui façonnent nos systèmes alimentaires et de leurs conséquences sur notre planète. « Cela nous tenait à cœur de lancer ce projet lors du festival Hungry Mind », explique Eleonora Lano, directrice de l’éducation chez Slow Food. « À cette occasion, nous célébrerons le 20ème anniversaire de l’Université des sciences gastronomiques et insisterons à nouveau sur le rôle que joue l’éducation dans la formation des jeunes élèves, qui représentent notre futur, et l’espoir d’un avenir radieux pour notre planète. En outre, Slow Food Italie a récemment publié une pétition visant à inclure l’éducation alimentaire dans les écoles, en parfaite adéquation avec les objectifs de Food on Film ».

Le projet Food on Film propose une série d’outils innovants pour faire participer et informer le public, notamment les plus jeunes. Il s’appuie sur une plateforme numérique proposant une sélection de 200 films variés sur le thème de l’environnement, développée à partir de la base de données existante de CinemAmbiente et accessible aux lycéens de cinq pays de l’Union européenne. Grâce à cette plateforme, les classes auront accès à un parcours pédagogique complet et à différents kits d’outils abordant les principales problématiques traitées par Slow Food, ce qui leur permettra de participer à des activités stimulantes et approfondies. Cette sélection comporte un catalogue thématique de documentaires disponibles en italien, anglais, français, allemand et monténégrin, avec l’objectif de sensibiliser les jeunes générations aux enjeux environnementaux et alimentaires. En plus des projections en classe, les élèves participeront à des activités interactives et immersives organisées en collaboration avec Slow Food, notamment un jeu de rôle grandeur nature à visée pédagogique ainsi que la réalisation de courts métrages. Ces méthodes innovantes favorisent non seulement l’engagement actif des élèves, mais leur permettent également d’acquérir des compétences pratiques pour communiquer efficacement sur les défis auxquels notre système alimentaire fait face. Enfin, le projet prévoit un concours européen du meilleur scénario organisé dans les écoles participant aux projets de première année. Cela permettra aux élèves d’exprimer leur créativité tout en défendant les thèmes liés à l’alimentation par le biais de la réalisation de films.

Les écoles gagnantes auront la chance de participer à des ateliers de réalisation de films avec le festival Mobile Film, contribuant ainsi à la formation d’un large réseau de jeunes cinéastes engagés.

« Les élèves seront les principaux acteurs de ce projet, avec leur créativité, leur ouverture d’esprit et leur capacité à utiliser les nouvelles technologies à bon escient », ajoute Eleonora Lano. Dès la première année du projet, plus de 100 classes européennes auront accès au vaste catalogue de films de CinemAmbiente et pourront le parcourir et créer à leur tour leurs propres courts métrages. « Les élèves auront la chance d’apprendre les techniques cinématographiques et d’explorer de nouvelles activités telles que le jeu de rôle grandeur nature, une activité ludique issue du théâtre, dans laquelle les joueurs incarnent des personnages dans des scénarios fictifs. Ce sont des compétences indispensables, qui pourront même être ajoutées sur leur CV ».

Le projet Food on Film permettra la collaboration transfrontalière entre le mouvement Slow Food et cinq festivals européens du film sur l’environnement, qui se complètent de par leur aspect créatif et technique. Ce partenariat diversifié reflète l’approche multidisciplinaire du projet qui combine à la fois divertissement et militantisme grâce à des activités pédagogiques et créatives organisées dans les écoles et lors de festivals du film sur l’environnement ouverts au public. Le projet réaffirme l’importance du cinéma et de l’alimentation et le rôle central qu’ils jouent dans l’échange et le rassemblement social, en s’adressant tout particulièrement aux jeunes générations dans le but de les sensibiliser aux enjeux environnementaux et à l’expérience cinématographique.

Lors de leurs éditions annuelles, les quatre premiers festivals, à savoir le festival du Environmental Film Festival CinemAmbiente en Italie, le festival Innsbruck Nature Film Festival en Autriche, le festival Interfilm en Allemagne et le festival Green Montenegro International Film Fest projetteront une sélection de films du catalogue Food on Film. Les projections seront accompagnées d’événements ponctuels tels que des débats, des dégustations, des rencontres avec des producteurs, des cuisiniers et des agriculteurs. Le cinquième festival, le festival Mobile Film, mettra l’accent sur les activités pédagogiques et les ateliers de réalisation de films.

Plus de détails sur les festivals

Le festival CinemAmbiente est né en 1998 de la volonté de présenter les meilleurs films traitant du sujet de l’environnement au niveau international et de contribuer à la promotion d’une culture écologiste. Il s’agit désormais du principal événement de cinéma « vert » en Italie et de l’un des plus importants à l’échelle internationale.

Le festival Mobile Film, créé il y a 18 ans, est l’un des meilleurs festivals au monde de films tournés avec un smartphone. Il vise à découvrir et soutenir les jeunes cinéastes les plus talentueux du monde entier. Le festival, entièrement numérique, propose le format unique « 1 téléphone, 1 minute, 1 film ». Il compte sur sa précédente collaboration avec les Nations Unies pour sensibiliser aux défis environnementaux à travers les films. Il a d’ailleurs participé à la COP21, à la COP25 et à la COP26 grâce à une rubrique du festival abordant les thèmes suivants : « Agir pour le changement climatique », « Agir maintenant pour le changement climatique » et « Faire la paix avec la nature ».

Le festival Green Montenegro International Film Fest (GMIFF) est un festival de cinéma conceptuel axé sur la protection environnementale. Son objectif est de sensibiliser à la nécessité de protéger l’environnement par le biais de l’élan artistique et d’améliorer la connaissance et la conscience écologique par la sensibilisation aux tendances mondiales, que le Monténégro tend à suivre. Il s’agit donc d’une avancée importante dans cette direction.

Le festival Innsbruck Nature Film Festival (INFF) est le seul festival du film autrichien dédié à la nature et à l’environnement. Il fêtera son 22ème anniversaire en 2023. En tant que festival du film environnemental international organisé dans les Alpes, l’INFF attache une attention particulière à la mise en réseau et aux valeurs européennes du Pacte vert pour l’Europe.

Le festival Interfilm – International Short Film Festival a été créé en 1982 dans les squats de Kreuzberg. Ce festival, qui en est à sa 39ème édition, est le plus ancien et le plus grand festival de courts métrages de Berlin. En 40 ans, il a acquis un prestige qui attire chaque année des cinéastes internationaux et des cinéphiles locaux dans les cinémas. Le festival, qui a été nommé aux Oscars, est réputé depuis longtemps au-delà des frontières allemandes et européennes.

Tous les festivals partenaires du projet se vantent de précédentes collaborations, car ils font tous partie du Green Film Network, l’organisation internationale des plus gros festivals de cinéma annuels axés sur les défis environnementaux, qui coordonne les événements des festivals membres du réseau, fait la promotion de leurs films et les distribue dans le monde entier, en encourageant des initiatives et des projets de sensibilisation environnementale. Slow Food, CinemAmbiente et le festival Mobile Film ont déjà mené une collaboration fructueuse dans le cadre du projet CINE (Cinema communities for Innovation, Networking and Environment), financé par l’UE.

Le projet est mené par Slow Food, l’association CinemAmbiente, CEZAM, le festival Innsbruck Nature Film Festival et Mobilevent et co-fondé par l’Union européenne, le volet MEDIA d’Europe créative, avec la contribution de la fondation CRC.

Voici une sélection de bandes-annonces de films proposés sur le catalogue de Food on Film et sur lesquelles se baseront les activités proposées dans les écoles.

Océans, le Mystère plastique

Par Vincent Perazio

France, 2016, 53’

Seulement 1 % du plastique flottant à la surface des océans est ramassé sur les plages ou piégé dans les glaces de l’Arctique. Mais où sont passés les 99 % restants, que l’on estime à des centaines de milliers de tonnes ? On peut associer cela à un trou noir, cachant une terrible tragédie écologique. La plupart des plastiques ne se détériorent jamais, ils se décomposent seulement en particules toxiques de plus en plus petites jusqu’à devenir invisibles à l’œil nu, créant ainsi un nouvel écosystème : la plastisphère. Il est urgent d’analyser ce phénomène et ses conséquences : où peuvent bien aller toutes ces particules ? Sont-elles ingérées par les organismes ou enterrées sous le plancher océanique ? Et quelles sont leurs conséquences potentielles sur la chaîne alimentaire ?

Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=DoAJ1tTCA0A

First We Eat

Par Suzanne Crocker

Canada, 2020, 101’

Que se passerait-il si une famille moyenne vivant à 300 km du cercle polaire décidait de ne plus faire ses courses au supermarché ? C’est l’expérience que Suzanne Crocker a décidé de mener, malgré les réticences de ses ados et de son mari, les températures très basses du Yukon et les problèmes qu’elles engendrent. Par ce choix radical, elle s’est montrée déterminée à découvrir de nouveaux horizons pour l’avenir et à explorer des modes de vie tombés dans l’oubli. L’expérience familiale s’étendra à l’ensemble de la communauté, permettant de redécouvrir l’histoire et l’identité des populations autochtones.

Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=1LmBY915KNQ

Soyalism

Par Enrico Parenti et Stefano Liberti

Italie, 2018, 70’

Dans une perspective globale du changement climatique, le film nous embarque dans un voyage, de la Chine au Brésil, en passant par les États-Unis et le Mozambique, sur les traces de la production industrielle de soja et de l’élevage intensif de porcs. Le nouvel « or vert » est cultivé dans des forêts défrichées telles que l’Amazonie puis acheminé dans les élevages intensifs de porcs du monde entier. Il s’agit d’une grosse activité détenue par quelques entreprises puissantes. Une concentration de pouvoir à l’origine d’un modèle économique de moins en moins durable et de procédés qui déséquilibrent l’équilibre environnemental et social de la planète, détruisant des écosystèmes entiers et obligeant les petits éleveurs de bétail à mettre la clé sous la porte.

Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=mK_6d12C2BQ

To Raise and Rise

Par Oliver Dickinson

France, 2019, 88’

L’industrialisation et la recherche de profits ont transformé la plupart des élevages français en entrepôts surpeuplés aux pratiques cruelles. Heureusement, Laure, Nicolas, Annabelle et d’autres agriculteurs ont choisi d’emprunter une autre direction, en offrant une vie et une existence plus respectueuse à leur bétail. Tous leurs efforts sont récompensés par la relation extraordinaire qu’ils entretiennent avec leurs bêtes, un lien nécessaire et profond. Ce documentaire est un témoignage touchant de l’engagement qui peut permettre d’instaurer des changements en faveur d’un modèle de production durable.

Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=FRKVMk-UOnc

Food for Profit

Par Giulia Innocenzi et Pablo D’Ambrosi

Food for Profit est une enquête choc révélant le lien qui unit la filière de la viande, les lobbies et le pouvoir politique.

Au cœur du problème, les milliards d’euros que l’Europe consacre aux élevages intensifs qui maltraitent les animaux, polluent l’environnement et constituent un risque d’épidémies futures. Le documentaire de Giulia Innocenzi and Pablo D’Ambrosi, sorti en salle à la fin du mois de février et produit et distribué de manière indépendante, est devenu une œuvre cinématographique phare. Après son avant-première au Parlement européen et suite à plusieurs projections dans des lieux institutionnels, du Parlement italien aux conseils régionaux, Food For Profit a enclenché un véritable débat politique, au sujet des subventions européennes finançant les élevages intensifs et de l’implication de certains décideurs politiques dans l’industrie de la viande. À Bruxelles, pour la première fois, un lobbyiste a pu filmer ses échanges avec des députés européens en entrant dans le Parlement européen avec une caméra cachée.

Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=sZs7nDjMc0c

L’Empire de l’or rouge

Par Jean-Baptiste Malet et Xavier Deleu

France, 2017, 55’

Inspiré du livre du même titre de Jean-Baptiste Malet, le film nous embarque dans l’histoire de la tomate et de sa production industrielle, un modèle de production de masse apparu à la fin du 19ème siècle qui a proclamé le concept d’économie mondialisée. Aujourd’hui, la tomate est un produit international transporté de pays en pays dans d’énormes barils avant d’être considéré comme un ingrédient de base utilisé dans la cuisine de tous les jours. Où, comment et qui cultive et récolte les tomates ? L’Italie, la Chine et l’Afrique en sont les principaux producteurs. Dans ces pays, l’exploitation des travailleurs, le crime organisé et la dégradation de l’environnement permettent d’engranger d’énormes profits.

Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=vSYL-pqAq5E

10 Billion – What’s on Your Plate?

Par Valentin Thurn

Allemagne, 2015, 103’

D’ici 2050, la population mondiale aura atteint 10 milliards de personnes. Au milieu des débats agités sur la sécurité alimentaire apparaît ce regard global et analytique porté sur l’énorme spectre que représentent la production et la distribution alimentaires mondiales, de la viande artificielle aux insectes, en passant par les exploitations agricoles industrielles et la nouvelle tendance de la culture de soi. Valentin Thurn part à la recherche de solutions à l’échelle mondiale et laisse la place à l’innovation et à des perspectives pour notre avenir. Le film propose des méthodes de production alimentaire douces et durables. Nous avons le pouvoir de faire changer les choses dès maintenant.

Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=DJAzs3GaHYE

Just Eat It – A Food Waste Story

Par Grant Baldwin

Canada, 2014, 75’

Près de la moitié de la nourriture produite en Amérique est jetée. Encore plus inquiétant, 10 % de la population ne respecte pas ses apports nutritifs quotidiens. Pouvons-nous vivre en consommant des produits rejetés par un système basé sur le gaspillage ? C’est justement ce qu’ont essayé de prouver Jen Rustemeyer et Grant Baldwin lors d’une expérience de 6 mois au cours de laquelle ils ont pris du poids et économisé près de 20 000 $ en collectant des produits à date courte, périmés, abîmés ou mal étiquetés.

Bande-annonce : https://www.youtube.com/watch?v=zkASAZGIuu0

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