13 avril 2024

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Soyons Judicieux Dans Notre Choix! par Vijay Makhan

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L’ex politicien qui ne fait plus de politique active donne les raisons selon lui commet et pourquoi faire le non choix le 7 novembre 2019.0

L’échéance électorale est connue depuis deux semaines déjà. La vitesse grand V avec laquelle l’annonce a été faite par le Premier ministre sortant aurait pu faire croire qu’il avait déjà bouclé sa stratégie électorale, la machinerie gouvernementale à sa disposition aidant, et ainsi prendre ses adversaires au dépourvu. Que nenni. Au contraire, il a, dans une large mesure, aidé à alimenter la confusion politique qui avait jusque-là régné de façon quasi générale dans l’esprit de, pas seulement, l’électorat mais aussi parmi ses propres troupes.

Enfin, les listes de ceux et celles qui brigueront les suffrages au nom de deux alliances et du MMM sont ficelées. Il faut quand même saluer le MMM qui a fait montre de son respect pour le peuple, ayant, depuis plusieurs semaines, à quelques investitures près, aligné ses candidat(e)s dans les circonscriptions du pays, et les ayant officialisés après avoir eu l’aval de ses instances. Ses mesures prioritaires sont également du domaine public. De l’autre côté, au sein des deux alliances la confusion a perduré et a donné lieu à des scènes indignes, des menaces menant à des démissions et des annonces de candidatures hors partis ou dans d’autres camps.

Le jeu d’alliances préélectorales est finalement arrivé à terme et a connu des dénouements, heureux pour certains et désastreux pour d’autres. Le MMM a tenu parole. Il se présente seul devant l’électorat. Quant aux deux autres partis, ils ont finalement proposé des alliances, des cocktails mêmes, chacun avec sa très petite dose de fruits, poire pour l’une et deux cerises pour l’autre, la rose s’étant fanée et ayant perdu sa prétendue allure. Fait intéressant: les deux alliances tirent chacune des soi-disant plateformes et autres mouvements dont les membres se sont révélés des super-contorsionnistes politiques. La présence et le sacre de certains dans ces deux alliances qui, hier encore, chantaient à tue-tête ‘soldat lalit militan’ sur l’estrade du MMM et qui ont claqué la porte mauve pour aller faire la ‘politique autrement’, ont fait grincer des dents, tant au niveau de l’électorat qu’au niveau de ceux et celles qui, ainsi, ont été privés d’investiture de leurs partis respectifs. L’électorat appréciera sans nul doute! Le mariage ou ‘remariage’ de certain(e)s qui se démènent désespérément pour se refaire une virginité sur la scène politique est, dans certains cas, consommé démontrant par la même occasion la faiblesse des leaders concernés dont certains clamaient tout haut et fort qu’ils n’avaient nullement besoin de béquilles politiques, le leader de ‘zoli mamzel’ inclus. Le Mercato est désormais clos (l’est-il vraiment?). Ou bien ça dépendra de la dot qui sera versée après le 8 novembre, une fois les secrets des urnes dévoilés? Les ‘agwas’ auront une nouvelle chance de se frotter les mains.

Sauf erreur, jamais depuis l’indépendance de ce pays, l’histoire politique n’aura connu un tel degré de transfugisme, de revirement de casaques, de surenchère que celui qui s’est tramé durant la récente législature. C’est dire la qualité des personnes que nous, l’électorat soi-disant éclairé, avions choisies pour représenter nos intérêts à l’Assemblée législative. Et pourtant tous ceux et celles qui ont déserté leur parti original mais surtout ceux et celles qui se sont fait élire sur le « ticket » de ces partis s’étaient présentés devant nos portes à un moment ou à un autre, vouant honnêteté, intégrité, fustigeant, par la même occasion, les déboires des adversaires du jour. Ce serait trop facile de venir clamer que le transfugisme est un phénomène acceptable et se faisant, remettre de tels revirements déplorables, voire malhonnêtes, sur le dos des leaders, soidisant trop autoritaires ou dictateurs, ne faisant qu’à leur tête. C’est vrai, les leaders ne sont guère infaillibles et font souvent des erreurs de stratégie ou prennent des décisions qui peuvent s’avérer néfastes pour leurs partis. Est-ce que ce sont là des arguments forts pour aller chercher refuge au pied du lit de l’adversaire dont on a combattu les frasques flagrantes, en attendant qu’une petite place soit libérée, ne serait-ce que tout au bord du lit? L’anglais dit « cutting your nose to spite your face » !

Depuis 2014, ce phénomène a tellement été banalisé qu’il n’est plus exceptionnel. C’est devenu presqu’une règle et bien ancré dans nos moeurs politiques, malgré le sentiment de dégoût que cela puisse provoquer chez la majorité des citoyens. Est-ce ce plat-ventrisme politique que l’on voudrait léguer à nos jeunes, ces jeunes que nous encourageons à s’intéresser à la chose politique? De placer ses intérêts personnels au devant des intérêts nationaux et les intérêts du citoyen que l’on professe de représenter? Et quid de l’amour propre? A jamais perdu ou jeté à la poubelle politique? La nouvelle législature qui se mettra en place le 8 novembre sera-t-elle différente?

Tant que le peuple ne sanctionnera pas sévèrement ceux qui hier encore brûlaient ce qu’ils adorent aujourd’hui et ceux qui confondent nos institutions républicaines avec leur patrimoine personnel nous n’aurons, chers compatriotes, que les représentants et le gouvernement que nous méritons. Puis nous passerons la prochaine période de cinq ans à nous plaindre, nous lamenter et déplorer le bourbier que nous aurions créé nous-mêmes en toute connaissance de cause! Redonnons-nous la chance d’avoir une Assemblée digne de ce nom et un gouvernement compétent, soucieux de l’avenir de nos enfants, de notre pays.

Donc, chers électeurs, chères électrices, le 7 novembre, aux urnes pour un choix judicieux!
Vijay MAKHAN
22/10/2019.

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