“Après une année compliquée, il est important de se recentrer sur l’économie”
4 min readBusiness Mauritius (BM) a organisé aujourd’hui son désormais traditionnel “Meet & Greet” trisannuel avec la presse, dans ses locaux à Ebène.
Plusieurs thèmes ont été abordés, incluant les observations des dirigeants de l’association sur l’actualité économique et politique locale et internationale, les projets qui seront lancés par BM en 2020, les défis économiques à venir pour le pays et les propositions du secteur des affaires pour les surmonter.
Selon Vidia Mooneegan, président de Business Mauritius, “il est important de placer l’économie mauricienne dans le contexte de l’économie internationale qui reste inquiétant ; le FMI prévoit un ralentissement de la croissance, avec un taux de croissance revu à 3% en 2019, alors que la croissance globale prévue pour 2020 est de 3,4%”. Dans ce cas, il est important pour le pays “de se recentrer en 2020 sur notre économie”, estime-t-il.
“Nous sommes parvenus à faire de Maurice un modèle de croissance basé sur l’industrie et l’exportation. Or, il ne faut pas oublier que la libéralisation du secteur des affaires dépend des Investissements Directs Etrangers (IDE) et de l’économie globale. Les grandes lignes de notre stratégie économique doivent donc inclure le Ease of Doing Business, les coûts d’opération des industries, des mesures pour contenir la dette publique et maintenir les clés de notre système fiscal. Pour pouvoir distribuer de la richesse, il faut d’abord réussir à la créer”, a souligné le président de BM.
Prenant la parole à son tour, Kevin Ramkaloan, CEO de BM, a affirmé qu’il est “extrêmement important de se rendre compte que la compétitivité du pays est intimement liée au contexte global”. Par conséquent, l’une des positions économiques principales de BM pour 2020 sera de maintenir les exportations dans différents secteurs a avancé le CEO de BM.
Kevin Ramkaloan a aussi évoqué les difficultés constatées dans différents secteurs, notamment l’industrie cannière et le textile. BM préconise la mise en place urgente d’un “cadre régulateur pour rémunérer la biomasse” dans le secteur cannière, tout en insistant pour le lancement de mesures pour l’augmentation de la productivité dans les entreprises de textile.
Au niveau des services financiers, le CEO a insisté sur l’importance de la “compliance” car d’avoir un cadre régulateur soutenu dit être vu comme un avantage et non pas un cout. Pour l’évolution du tourisme, il est selon lui capital de continuer à miser sur un tourisme “durable et authentique”. A son avis, l’emphase devrait être mise sur la connectivité en 2020 dans l’industrie touristique. Il est aussi important de renforcer les actions pour une Ile Maurice propre. Les TIC devront quant à elles rester “flexibles” pour servir le marché international. Le secteur de la manufacture locale a, lui, besoin de régulations pour s’assurer d’un « level playing field » par rapport aux entrants étrangers. BM encourage aussi les PME, particulièrement celles dans les secteurs TIC et l’agro-technologie, qui peuvent dégager une forte valeur ajoutée.
Pradeep Dursun, Chief Operations Officer (COO) de BM, a de son côté brossé un tableau de la situation au niveau des relations au travail, revenant notamment sur les nombreuses mesures mises en place par le gouvernement au niveau ces derniers mois avec, entre autres, le Workers’ Rights Act. “Chez BM, nous comprenons les mesures du gouvernement pour l’amélioration des salaires et des conditions des employés. Cependant, il est nécessaire de soutenir, à travers des mesures d’accompagnement adéquates, les entreprises qui ont été affectées par une augmentation subite de leurs coûts opérationnels. Le gouvernement a été sensible à certaines de nos propositions à ce niveau, mais il faudra continuer ce dialogue avec l’Etat”, a-t-il expliqué.
Le mode de calcul de la compensation salariale a aussi été évoqué, BM insistant sur le fait que le modèle actuel “ne permet pas un calcul juste et équitable de la compensation, qui soit automatisé et tienne compte des chiffres économiques concrets”.
En bref, les principales orientations stratégiques de BM en 2020 se feront autour des thèmes suivants : le développement durable, le capital humain, la bonne gouvernance, l’innovation et le développement du marché africain. Un accent particulier sera également placé sur les moyennes entreprises l’année prochaine, étant donné que les précédentes actions de l’association en soutien aux PME concernaient surtout les petites et microentreprises.
Plusieurs projets ont aussi été annoncés pour 2020, notamment le lancement d’une plateforme réunissant chercheurs d’emploi et employeurs à la recherche de compétences. Cette National Skills Matching Platform aura la particularité d’être basée sur les compétences de travail. Autre projet d’importance : la mise en place d’un Code of People’s Practice pour les responsables RH, dans le but de promouvoir les meilleures pratiques dans ce secteur.
Enfin, en ce qui concerne le développement inclusif, la parole a été donnée à l’ONG Lovebridge, projet d’autonomisation des familles en situation de pauvreté, implémenté depuis fin 2015 par BM en partenariat avec le Gouvernement mauricien. Il a ainsi été annoncé que la méthode d’accompagnement à long terme adoptée par Lovebridge a été primée à la 6ème Conférence Internationale sur la Pauvreté et le Développement Durable, qui a eu lieu à Colombo du 5 au 7 décembre. Un projet indépendant de recherche sur cette méthode d’empowerment a été mené conjointement par le département de Sociologie de l’Université de Maurice, avec le soutien du Mauritius Research Council. Cette recherche avait pour but d’évaluer l’impact de la méthode d’accompagnement élaborée par Lovebridge pour l’empowerment.Enfin, BM a annoncé le lancement prochain d’un Inclusive Growth Guidelines à l’attention de ses membres.