27ème session de la Commission des thons de l’océan Indien
9 min readSuite à la 27ème Commission des Thons de l’océan Indien (CTOI) qui s’est tenue à Maurice (8-12 mai 23), la Sustainable Tuna Association (STA) continue d’appeler toutes les parties à toujours collaborer pour trouver la volonté d’un compromis et d’un accord équitables, afin de protéger la durabilité à long terme de l’Albacore (Yellowfin) de l’océan Indien et les millions d’emplois qui en dépendent dans l’ensemble de l’océan.
« Il y a des points positifs à retenir de la réunion : plus de la moitié des mesures de conservation proposées ont été adoptées, et surtout, cela inclut un plan concret pour la reconstruction du stock de thon obèse (Bigeye). Cependant, nous regrettons profondément qu’aucun accord clair n’ait été conclu sur l’albacore, et ce stock est toujours dans le rouge et sujet à la surpêche », a déclaré le président de la STA, Cougen Purseramen.
Lors de la réunion, un accord a été conclu pour amener les captures de thon obèse au point de Production Maximale Équilibrée (PME), ce qui devrait améliorer les niveaux de stock. Mais les propositions présentées sur les captures d’albacore de l’UE, de la Tanzanie et du Kenya n’ont pas trouvé de soutien de la part des délégués, tandis que la proposition mauricienne, qui repose sur une approche différente, a été adoptée.
Après qu’une proposition initiale d’interdiction de pêche d’un mois pour toutes les parties, autres que les petits bateaux, ait été discutée, la délégation mauricienne a présenté une proposition autonome révisée qui donnait le choix entre une fermeture de 31 jours ou une réduction supplémentaire des captures d’albacore, tout cela sur une base volontaire. Dans un contexte où aucune des propositions relatives à l’albacore ne faisait de percée, la proposition mauricienne a été bien accueillie par la majorité des pays présents et a été adoptée par la Commission tard le dernier jour.
« Le gouvernement mauricien a fait preuve d’un leadership qui fait défaut à de nombreuses autres délégations et a compris que les problèmes auxquels nous sommes confrontés dans l’océan Indien, en particulier en ce qui concerne l’albacore, ne seront pas résolus si toutes les parties n’acceptent pas les réductions, ou si l’action se concentre sur un seul type de méthode de pêche », a ajouté C. Purseramen. « Il est décevant de constater que la division inutile, créée ces dernières années, ait été une nouvelle fois évidente au cours de la semaine. Nous croyons qu’il s’agit en fait d’un faux sentiment de division. Malgré les efforts de certaines parties, il n’y a pas qu’une seule voix qui représente tous les petits États insulaires en développement, ou les pays côtiers, ni de voix unique qui représente les pays pratiquant la pêche en eaux lointaines tels que l’UE. Nous restons une industrie et un monde beaucoup plus interconnectés que ces points de vue étroits voudraient faire croire aux gens », a-t-il poursuivi.
La question des dispositifs dérivants de concentration de poissons (dFADS) reste controversée, avec des propositions de l’UE et de la Corée, longuement discutées, fusionnées, pour tenir compte des différents points de vue et trouver un consensus, mais qui, en fin de compte, ne fut pas adoptée. Lors d’une session extraordinaire sur les dFAD en février dernier, la Commission avait voté en faveur d’une interdiction de pêche sous DCP de 72 jours en 2024.
L’impact de cette interdiction de pêche sous DCP, telle qu’elle est actuellement proposée, aurait de graves répercussions sur l’industrie de transformation du thon à Maurice et aux Seychelles et sur l’ensemble de la chaîne de valeur associée. L’industrie a le devoir d’assurer la durabilité sociale et économique du secteur.
Plus de 6 000 emplois directs et 25% des exportations mauriciennes sont en jeu : la pérennité du stock de thon n’est pas seulement une question de survie, mais une question existentielle. Plusieurs objections ont été déposées à l’encontre de cette interdiction, de sorte que son avenir reste incertain. Si onze (11) objections sont atteintes, le vote est automatiquement annulé et la proposition devient officiellement invalide, mais même si ce nombre n’est pas atteint, il n’a déjà aucun sens car les principales flottes qui utilisent des DCP se sont opposées à cette interdiction et ne la suivront pas.
La semaine dernière, dans une tentative de trouver un compromis autour de cette interdiction de 72 jours des DCP, la proposition fusionnée UE/Corée a présenté une interdiction de 45 jours des DCP à partir de 2025, à convenir en 2024, après les recommandations fournies par le comité scientifique. Alors qu’il semblait qu’un consensus était sur le point d’être atteint, un changement de ton, en fin de journée, de la part des membres du groupe des États côtiers du G16 a mis fin au débat pour une année supplémentaire.
« C’est particulièrement décevant », a ajouté C. Purseramen.
« La résolution 23/02 a été présentée comme une mesure visant à améliorer la santé des juvéniles d’albacore et nous comprenons que la senne coulissante avec ses DCP contribue largement à ces captures. Cependant, les membres de la STA ont une compréhension globale des enjeux et des impacts de toutes les méthodes industrielles. La pêche à la canne (pole and line) capture essentiellement des juvéniles d’albacore, les palangriers capturent des thons plus gros et plus matures, les « super reproducteurs », tandis que les filets maillants dérivants contribuent également de manière significative aux captures de juvéniles. C’est pourquoi nous soutenons depuis longtemps que toutes les parties doivent jouer un rôle dans l’amélioration de la santé des stocks », a-t-il poursuivi.
Outre l’aspect positif de l’accord sur le thon obèse, d’autres propositions de gestion importantes ont été adoptées lors de la réunion, notamment l’amélioration de la surveillance électronique, la protection des oiseaux de mer dans les pêches à la palangre, la protection des cétacés, le renforcement de la coopération et la création d’un groupe de travail sur les aspects socio-économiques de la pêche au thon dans l’océan Indien.