19 mars 2024

Maurice Info – Archives

Partager et informer depuis 2013

[Vidéo News] Mesures populaires, devises, vieillissement de la population et changement climatique retiennent l’attention

4 min read
Les archives de Maurice Info

Les archives de Maurice Info

Le bureau mauricien de L’Association of Chartered Certified Accountants (ACCA) a organisé le lundi 5 juin à Ebène, en collaboration avec le Mauritius Institute of Professional Accountants (MIPA), un Post-Budget Forum pour ses membres.

Après la présentation générale de Madhavi Ramdin-Clark (Head of ACCA Mauritius & New Markets), trois experts économiques et financiers ont partagé leur analyse du Budget 2023-2024 présenté le 2 juin : Pierre Dinan, économiste et consultant, Clensy Appavoo (FCCA), CEO et Senior Partner de HLB Mauritius, et Ryaad Owodally (FCCA), Director International Tax and Transaction Services de EY Mauritius. Cette conférence avait pour modératrice Pamela Bussier (FCCA), CEO et Executive Director de Jubilee Allianz Mauritius.

Pierre Dinan a rappelé des chiffres essentiels des revenus et dépenses de l’Etat, qui permettent d’avoir un aperçu de la situation du pays. Le recurrent revenue pour l’année financière 2022-2023 était de Rs 151,2 milliards, et le capital revenue Rs 2,1 milliards. Pour 2023-2024, ces chiffres sont de Rs 176,8 milliards pour le recurrent revenue et de Rs 2.4 milliards pour le capital revenue. Les montants alloués aux dépenses ont été de Rs 214,9 milliards en 2022-23 et sont prévues à Rs 227 milliards pour l’exercice financier 2023-24. Il y a donc eu un déficit de Rs 61,6 milliards en 2022-23 et une prévision de déficit de Rs 39,8 milliards pour 2023-24. Cette baisse du déficit est bienvenue, dit Pierre Dinan, en relevant toutefois que « le pays continue à importer beaucoup plus qu’il n’exporte, avec un effet important sur la disponibilité de devises étrangères et sur le taux de change – en défaveur de la roupie et avec des conséquences sur l’inflation ».

Pour cet économiste et consultant, il faut souligner que le budget 2023-2024 comporte plusieurs mesures sociales qui visent directement deux catégories de la population ; les seniors et les jeunes adultes. Le réajustement de la pension de vieillesse à Rs 12 000 et les Rs 20 000 allouées à un jeune adulte à sa majorité à 18 ans « sont des mesures très populaires – pour ne pas dire plus », soutient-il. Mais ce budget « ne comporte pas des mesures à long terme pour régler le problème de notre population vieillissante et le manque de main d’oeuvre sur le marché local ». D’autre part, le ministre des Finances parle de maintenir la croissance à 5 % pour 2024, 2025 et 2026, mais nous ne devons pas oublier que nous sommes dans une relance économique post-Covid-19 en 2023, déclare-t-il. Pour obtenir une telle croissance, il faut augmenter la productivité de notre économie ; la création de nouveaux secteurs émergeants pour booster notre croissance économique et s’attaquer à la réduction de notre forte dépendance sur l’importation sont des nécessités, affirme-t-il.

Pour Ryaad Owodally, expert en fiscalité, certaines mesures budgétaires concernant les services financiers et le Global Business sont intéressantes a priori, mais il faudra voir comment se fera leur mise en oeuvre par les différents régulateurs afin de connaître l’impact sur le secteur. « En 2023, nous avons un fort besoin d’attirer les investisseurs étrangers pour le secteur de Global Business », dit-il. Plus d’information et des clarifications sont aussi nécessaires, estime ce spécialiste, au sujet de diverses mesures fiscales annoncées, dont l’introduction de taux progressifs pour l’ « income tax » et des mesures administratives contenues dans les Explanatory Notes du Budget. Le contenu du Finance (Miscellaneous Provisions) Bill 2023 permettra sans doute d’y voir plus clair au sujet de certaines des mesures administratives, selon lui. Ryaad Owodally souhaite d’ailleurs plus de consultation avec la MRA et le ministère des Finances dans la mise en place des nouveaux règlements. La mise en pratique des mesures annoncées, surtout en ce qu’il s’agit de la taxation des entreprises et des PME demande à ce propos une attention particulière, estime-t-il.

Selon Clensy Appavoo, qui axait son intervention sur l’effet des annonces budgétaires sur les entreprises et la société, le budget 2023-2024 a apporté une certaine satisfaction au sein de la population grâce à des mesures populaires qui la touchent directement en termes de revenus, fiscalité et dépenses. De même, certaines annonces sont les bienvenues pour le monde des affaires. Cependant, les mesures annoncées pour les PME laissent perplexes, affirme-t-il.

Il faut une revalorisation des PME, soutient Clensy Appavoo, car leur contribution à notre économie est importante, avec notamment plus de 200 000 personnes employées par cette catégorie d’entreprises. « Aujourd’hui le manque de main d’oeuvre dans plusieurs secteurs appelle à une ouverture de notre économie, et une mesure a été proposé en ce sens, avec des conditions assouplies pour les compétences étrangères », note-t-il plus généralement.

Il y a par ailleurs, selon lui, un manque d’attention dans ce Budget au potentiel des nouveaux secteurs d’activité porteurs de croissance nationale : l’industrie océanique, le services portuaires et l’utilisation de l’intelligence artificielle dans de nombreux domaines productifs, entre autres. Les conséquences du changement climatique et les actions possibles à ce propos, n’ont pas reçu une grande attention dans ce Budget dit Clensy Appavoo. « Il y a quelques mesures, fragmentées, au sujet de la réduction de l’émission des gaz à effet de serre, qui est extrêmement minime dans notre petit pays. Mais pas de mesures à long terme pour gérer les conséquences du changement climatique dûes aux émissions mondiales et qui, par contre, nous toucheront directement, notamment avec la montée des eaux dans les zones côtières ».

You may have missed